Le Sunset-Sunside, c’est plus de 750 concerts par an, la découverte incessante des talents de demain et l’amitié permanente avec les pointures du jazz. C’est un lieu chaleureux, convivial et interactif. Le Sunset, c’est l’histoire du jazz en direct depuis 40 ans !
Un club de jazz incontournable des nuits parisiennes
Situé au coeur de Paris, entre le Forum des Halles et le Centre Georges Pompidou, le Sunset Jazz-Club, créé en 1983 par Michèle et Jean-Marc Portet, est le premier club à s’être installé rue des Lombards. Avec ses caves voûtées et son acoustique, des concerts devant un public intimiste; le Sunset et le Sunside sont des salles atypiques pour une ambiance hors normes.
Le Sunset, au fil des ans, devient ainsi le club de jazz parisien le plus fréquenté, affichant chaque soir de nouveaux talents ou des « grandes pointures ». Un club apprécié aussi pour la qualité de son accueil et de sa programmation.
Des évènements exceptionnels avec des artistes emblématiques de la scène jazz actuelle tels que Malia, Robert Glasper, Kyle Eastwood, Bireli Lagrene, Jacky Terrasson, Rhoda Scott…
Le Club de tous les jazz est le lieu de passage incontournable des musiciens en tournée en France et réunit tous les amoureux du jazz !
Les 40 ans du Sunset
Les 40 ans du Sunset, c’est du 17 décembre 2021 au 8 février 2022 au Sunset-Sunside avec une soirée exceptionnelle « hors les murs » au Théâtre du Châtelet le 28 janvier à 20h avec les artistes en majorité issus du label Sunset Records.
Stéphane Portet aura le plaisir d’animer cette belle soirée avec 7 formations qui joueront environ 20mm chacune. Le concert sera retransmis en direct par la radio FIP de 19h à 23h30.
C’est un honneur de pouvoir délocaliser « Les 40 ans du Sunset » dans un lieu aussi prestigieux que le Théâtre du Châtelet. Merci encore pour votre soutien et au plaisir de s’y croiser.
Stéphane Portet, Directeur du Sunset-Sunside
« Il fallait faire un événementiel le plus vite possible pour dire au public et aux musicien·ne·s, ‘on est là' »
Rencontre avec Stéphane Portet, Directeur du club
A l’occasion des 40 ans de ce club de jazz adhérent du Réseau MAP, nous avons échangé avec son directeur (et membre du CA du MAP), Stéphane Portet, qui nous livre sa vision de l’évolution de la scène jazz à Paris ces dernières années, retrace l’histoire de ce club mythique et témoigne des nouveaux défis que les lieux de diffusion parisiens doivent aujourd’hui relever.
Pour commencer, peux-tu nous faire un petit retour rapide sur l’historique du Sunset-Sunside ?
Oui totalement. Le Sunset est né en 1982. Au départ c’était un restaurant de nuit qui s’appelait Les Diables verts, avec beaucoup d’artistes. C’était la cantine de Coluche et de beaucoup de musicien·ne·s. Par la suite, il a décidé de faire de son sous sol qui ne servait à rien un bar américain. Au fur et à mesure, il y avait pleins d’artistes qui tanaient mon père : « Écoute cet endroit il est magnifique, mais au lieu d’en faire un bar américain, tu devrais en faire un club de Jazz ». Et il s’est laissé séduire par les musicien·ne·s et ce sont eux qui ont décidé de la création de ce lieu-là. C’est par leur initiative qu’il s’est ouvert en tant que club de Jazz et s’est appelé le Sunset. Car mon père n’avait aucune connaissance sur ce plan là. Au début, c’était un collectif de musiciens qui s’auto-gérait, il n’y avait pas de programmation précise. Mais c’était un lieu extrêmement à la mode, on appelait ça “Le Temple du Jazz Rock et du Jazz Fusion” pendant ¾ ans et après à partir de 1984 la programmation s’est construite avec différents programmateurs qui ont apporté diverses esthétiques au lieu. Moi je suis arrivé en 1993, comme un cheveu sur la soupe avec pas trop de connaissances en matière de jazz, mais j’ai été tout de suite adopté par les musicien·ne·s qui se sont chargé·e·s de me faire ma culture. Je suis très passionné par le métier que je fais et par ma mission d’aider le jazz. A l’aube des années 2000, j’ai décidé de fermer le restaurant, qui est devenu le Sunside, le lieu au rez-de-chaussée. On est donc un lieu assez atypique en Europe, avec deux entités : Le sunset, qui est le temple du jazz amplifié et les musiques cousines (blues) et le Sunside, le temple du jazz acoustique.
Stéphane Portet
Tu as donc travaillé au Sunset-Sunside près de 30 ans sur les 40 ans du lieu ! Peux-tu nous expliquer ce qui selon toi a changé par rapport à la diffusion du Jazz et de son public au cours de ces trois décennies ? Quels nouveaux défis il y a aujourd’hui pour cette esthétique et son public à Paris ?
D’abord on a changé de mode de fonctionnement. Avant les clubs de Jazz, c’étaient des endroits où tu rentrais naturellement, où il n’y avait pas de billetterie à l’entrée. Et moi c’est la première chose que j’ai changé. C’était dans les années 1990, parce-qu’on faisait une opération avec la Mairie de Paris qui s’appelait “Prenez une place, venez à deux” et qui imposait de faire de la billetterie, alors qu’avant les gens entraient gratuitement, payaient une consommation majorée et écoutaient de la musique. Alors que nous étions un club de jazz, on s’est structuré comme une salle de concert, où les gens comme dans un théâtre, s’acquittent d’un droit d’entrée pour venir écouter un concert. C’est la première chose.
La deuxième chose, c’est qu’on a l’image d’une clientèle assez vieillissante alors qu’en fait, pas du tout. Notre clientèle a de 2 ans à 90 ans. On a, entre autres, mis en place un rendez-vous le dimanche à 15h et 17h qui s’appelle “Jazz et Goûter” qui est l’un des rendez-vous qui cartonne le plus niveau fréquentation, c’est le rdv des enfants et des parents et on a une clientèle très jeune voire même moyenne d’âge 5 ans dans la salle.
On est donc sur un public essentiellement familial. Que peux-tu me dire de la fréquentation des 18-30 ans ?
Là tout dépend du style de jazz que tu mets en avant. Évidemment si tu fais un jazz mainstream, tu vas avoir un public plutôt entre 40 et 70 ans. Maintenant si tu fais un jazz un peu plus rock, un peu plus électro, là tu vas avoir un public plus jeune. Il faut savoir que nous, on fait des tarifs avec des réductions importantes pour les – de 25 ans donc on a un public d’étudiant·e·s très régulièrement. Et c’est l’objectif, qui est de renouveler mon public. Le jeune a une image très poussiéreuse du Jazz, car les gens qui viennent d’écouter du jazz, c’est souvent parce-qu’il y a un vecteur, généralement des parents etc. Donc l’objectif aujourd’hui c’est de faire sauter ce vecteur et que nous soyons vecteur pour ces jeunes personnes qui sont intéressées. On travaille avec des BDE, on essaye de les contaminer au jazz.
Donc, quant à la diffusion du jazz et son public depuis 10 ou 20 ans, est-ce que du coup il y a eu des nouvelles opportunités ? Ou des nouvelles difficultés ?
Alors les opportunités oui, car un lieu, faut qu’il se renouvelle en permanence. Et le Covid nous a mis face à une nouvelle situation et on ne peut plus avoir un lieu comme il était auparavant car le marché est compliqué. Nous on s’est servi de cette période d’inactivité pour réinventer le lieu. On a transformé notre lieu en 2.0, c’est-à-dire qu’on l’a complètement équipé de caméras pour pouvoir capter les concerts. Non pas que je sois un partisan du livestreaming, au contraire, mais pour pouvoir à terme, créer un chaîne VOD payante, bien évidemment. Il faut que tout le monde puisse gagner de l’argent. Que ce soit les musicien·ne·s ou le lieu. Le deuxième point c’est qu’aujourd’hui, avec les problématiques qu’il rencontre on a changé toute notre ventilation pour que le public se sente le plus possible en sécurité !
Ça avance. Aujourd’hui on est en place, on fait beaucoup de captation. En fait on fait beaucoup de prestations pour des artistes et des productions. C‘est des prestations qu’on propose et qu’on commercialise. On en fait deux ou trois par semaine. Maintenant on est en train de réfléchir à monter cette chaîne VOD mais c’est un peu compliqué parce-qu’il y a pas mal d’histoire de droits. Enfin, il y a un point sur lequel je n’ai pas encore assez insisté, c’est qu’on a également créé notre label discographique.
C’est la suite logique du travail qu’on fait depuis 30 ans avec des musicien·ne· avec lesquels on a des contacts, qui vont au delà des contacts professionnels, mais qui sont des contacts amicaux. On a décidé de monter un label qui s’appelle “Sunset Records” qui produit ses artistes sur un plan discographique et fait ce qu’on appelle “le 360” : on les fait aussi tourner. Ces artistes c’est Rhoda Scott, c’est Jean-Jacques Milteau, c’est Etienne MBappé. Là je sors un nouvel album de Rhoda Scott au mois de Janvier, voilà je sors un album environ tous les 6 mois.
Car il faut savoir que le Sunset-Sunside, c’est 757 concerts par an. Ça fait quasiment 3 concerts par soir, et on est ouverts 7j/7, 365j/365j. Et évidemment, il fallait qu’on ait un label, car on ne peut pas produire des concerts, sans produire des artistes. C’est la suite logique, la finalité de notre travail. Car moi je trouve que de manière générale, les lieux à Paris devraient tous avoir des labels.
Pourquoi devraient-ils tous avoir un label ?
Parce-que c’est important, aujourd’hui c’est nous qui sommes le mieux placé. Quand iels viennent sur scène, on peut facilement les enregistrer. Et pour information, la plupart des clubs de jazz américain ont leur label ! Ça fait partie de leur stratégie.
Du coup, c’est de l’enregistrement de lives ou vous faites aussi de l’enregistrement studio ?
Les deux. On fait du studio et du live. C’est un peu notre marque de fabrique. Nous on enregistre à la fois en studio et en live. Moi ce que j’aime beaucoup, c’est de récupérer l’énergie du live mais d’enlever tous les bruits de concert, car un artiste il est beaucoup plus à l’aise quand il est en live qu’en studio. Et généralement, je fais deux séances de studio, et après j’enregistre en live, puis ensuite je fais un mix des deux.
Donc c’est un enregistrement hybride ?
Voilà absolument.
Tu parlais des clubs américains tout à l’heure. Concernant la nuit parisienne, est-ce que tu as vu des évolutions (positives ou négatives) dans le rapport à la nuit, que ce soit au niveau institutionnel ou au niveau du public, de la vie nocturne ou des problèmes de nuisance ?
Les coutumes de la nuit ont complètement changé, fini les années 1980, où les gens sortaient sans problème. Aujourd’hui c’est plus pareil, les gens n’ont plus du tout la même façon de consommer. Avant on commençait les concerts à 22/23h, aujourd’hui faire un concert à 22/23h c’est suicidaire, les gens ne sortent pas. Il faut faire des concerts à 19h, ou 20h, 21h grand maximum.
C’était le cas également avant le Covid ?
Oui ! Paris aujourd’hui n’est plus le Paris des années 1980. La liberté est beaucoup plus restrictive. Avant Paris était une capitale de la nuit, aujourd’hui ce sont plutôt Berlin, voire Londres. On a perdu notre identité de la nuit.
En parlant de Londres et Berlin, est-ce que tu penses que Paris est toujours une capitale du jazz ?
Paris est la deuxième capitale du jazz dans le monde. La première c’est New-York. Maintenant effectivement il y a une énergie différente depuis une petite décennie à Londres, où iels ont apporté une nouvelle façon de faire du jazz, beaucoup de musicien·ne·s qui ne sont pas issu·e·s d’école de jazz, mais du hip-hop ou de musiques beaucoup plus récentes. Iels viennent d’une toute autre planète musicale, mais ils sont très attiré·e·s par le jazz, car c’est un peu le nirvana. Savoir improviser pour un·e musicien·ne c’est le nec-plus-ultra. Et c’est vrai, qu’aujourd’hui la scène londonienne devient très importante, maintenant on a du mal à l’avoir en France, notamment depuis le Covid. Londres, pour moi ça reste la scène la plus importante en termes de création artistique. Maintenant, au niveau foisonnement de lieux de culture jazz, Paris est plus importante.
Pour en revenir aux 40 ans, qu’est-ce que tu peux nous dire de la stratégie que vous avez décidé de mettre en place ?
Le concept des 40 ans, c’est 40 concerts, 40 légendes. On a voulu raconter l’histoire du sunset en 40 concerts. Avec un concert emblématique dans une salle, le 28 Janvier prochain au Châtelet. C’est quelque chose qu’on prépare depuis longtemps, à cause du Covid. Il fallait faire un événementiel le plus vite possible pour montrer qu’on existe et gommer les côtés néfastes du Covid, pour dire au public on est là, aux musicien·ne·s on est là.
Y a-t-il d’autres temps forts parisiens dont tu souhaiterais nous dire un mot ?
En fait, tous les soirs sont des temps forts ! Par exemple, la semaine prochaine, vendredi et samedi prochain on a un double concert avec Christian Vander (batteur de Magma qui est un musicien charismatique du sunset) et en dessous on a Eric Serra, le grand Bleu etc, qui est un musicien, un bassiste de jazz à l’origine.
Quels défis vous avez dû relever pour célébrer cet anniversaire en pleine crise sanitaire ?
Honnêtement, on a pris le risque sachant que Janvier aurait été un mois un peu compliqué et on s’est dit qu’avec un peu de chance on allait passer entre les gouttes, et c’est le cas aujourd’hui. On a l’avantage d’avoir une petite jauge de 80 places par salle, donc a chaque fois qu’il y a eu des restrictions, on est passé de justesse. Moi j’ai de la chance, je suis un des seuls du Réseau MAP à avoir rouvert tout de suite et de ne pas avoir subi trop de contraintes dues au protocole sanitaire. On est une salle, en assis, les gens portent le masque, où l’on ne dépend pas trop du bar. On dépend plus du nombre de tickets qu’on vend. Donc jusqu’à présent, on touche du bois !
Oui, votre modèle est relativement “Covid-friendly” en fait !
Oui absolument. Depuis qu’on a ouvert depuis le mois de Juin, ça marche très très fort. Là on ne fera pas appel aux aides car on a des chiffres d’affaire qui dépassent 2019.
Penses-tu que ce sera quelque chose qui va se stabiliser quand l’offre va de nouveau se diversifier ?
Totalement ! C’est pour ça qu’on fête nos 40 ans. Pour qu’on ne nous oublie pas. Mais c’est sûr qu’on risque de voir notre part du marché se réduire quand les plus grandes salles vont pouvoir rouvrir ! Encore que, c’est pas sûr. Mais voilà, on a été privilégié·e·s dans cette crise, notre CA depuis notre ré-ouverture de Juin est impressionnant.
Et puis, on est quelques clubs de Jazz dans la rue des Lombards, qui est une rue particulière, avec le Baiser Salé, c’est une rue assez unique. Et cette énergie d’avoir plusieurs lieux dans la même rue fait qu’on est un peu comme un petit village gaulois très privilégié.